Esta quem me mandou foi minha amiga Carmen Lícia, que passa o semestre nas maravilhosas terras francesas! Nesses tempos de Levante no mundo árabe, tem-se um artigo interessante sobre as mudanças na Turquia no início do século passado sob o movimento dos “jovens turcos”. Bom lembrar que o tenentismo no Brasil foi influenciado pelas idéias daqueles militares da Grande Porta.
Printemps arabe : modèle turc ou cauchemar politique ?
lundi 13 février 2012, par Henri Lacour Tags : PolitiqueUne étude de François Georgeon éclaire sur les racines oubliées de la révolution jeunes-Turcs de 1908
En écho aux bouleversements actuels du monde arabe, François Georgeon, membre du laboratoire d’études turques et ottomanes (EHESS) revient sur la révolution Jeunes Turcs de 1908 dans l’Empire ottoman à travers son livreL’ivresse de la liberté. Cette révolution constitua en effet la première expérience révolutionnaire moderne et inédite contre l’autocratie au Moyen-Orient. Les révoltes arabes d’aujourd’hui doivent-elle s’en inspirer ?
Avant l’événement révolutionnaire, l’Empire essayait déjà de se moderniser en lançant des réformes pour combler son retard face à l’Europe. Cette sorte de “perestroïka” (ouverture économique) avant l’heure prenait la forme de greffes de bonnes pratiques européennes sur l’Empire dont la mesure phare s’incarne dans la reconnaissance de l’égalité entre tous les sujets de cet empire multiethnique et multiconfessionnel. Les réformes culminèrent en 1876 avec la rédaction et l’entrée en vigueur d’une Constitution ottomane contrôlant les pouvoirs autocratiques du sultan, dit « Le Saigneur » Abdülhamid II, mais celui-ci ne mit pas longtemps avant de la suspendre, entamant ainsi trois décennies de contre-réformes conservatrices.
“Vive la liberté, la Justice et l’Ordre !”
Profondément influencés par la sociologie française durkheimienne, les jeunes turcs sont des soldats intellectuels qui, profitant du chaos des guerres balkaniques, organisent à coup d’État à Istanbul en 1908 pour rétablir le Parlement et la constitution. Cette révolution est accueillie avec enthousiasme par les communautés qui peuplent l’Empire en attente de réformes, et plébiscitent l’action des militaires.
Il s’en suit un surprenant état d’euphorie qui s’empare d’une grande partie de la population. Outre l’éclosion de comportements transgressifs avec l’essor de la présence des femmes dans l’espace public ou bien une baisse de l’assiduité du jeûne lors du ramadan, c’est aussi une formidable envie de s’exprimer qui prend l’ensemble de la société ottomane comme le prouve la multiplication de titres de presse. Ainsi, lors d’une brève période romantique, « l’ivresse de la liberté » se répand dans la population ottomane.
Du glissement sémantique à l’origine du drame arménien
Mais le triptyque « Liberté, Égalité, Fraternité » souvent énoncé en Turc ou en Grec à cette époque n’est pas reçu de la même manière qu’en Europe. La liberté est de plus en plus associée aux revendications des minorités arménienne et grecque sur lesquelles l’Occident joue pour porter atteinte à l’intégrité territoriale de l’Empire. L’égalité pose également problème car elle renvoie aux à l’inégalité juridique entre musulmans ou non musulmans qui fondait les bases de l’Empire. Ainsi l’égalité est ressentie comme un déclassement pour les musulmans de l’Empire. Enfin, la fraternité complète cette crainte diffuse, puisqu’elle signifierait une trop grande proximité entre les communautés ottomanes.
Dès lors, le dynamisme des communautés commerçantes et intellectuelles grecque et arménienne qui profitent indéniablement de leurs nouveaux droits ne tardent pas à cristalliser les tensions au sein de l’Empire. En effet, suite à une dernière tentative du Sultan Abdülhamid de restaurer son absolutisme, celui-ci est déposé par les Jeunes turcs. Fanatisés après des années de guerre dans les Balkans, ils changent progressivement de registre politique. Imprégnés des idées nationalistes, ils préfigurent l’immense tragédie de 1915 en organisant le pogrom contre la population arménienne à Adana en 1909.
« L’Orient a fait descendre la justice sur terre »
Des trois composantes historiques du mouvement jeunes-turcs, libérale, islamique et nationaliste, c’est cette dernière qui s’est imposée, avec en arrière-plan un programme d’homogénéisation ethnique. C’est dans ce contexte que la récupération des idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité s’est avérée explosive et engendra la grande catastrophe de 1915. La mentalité ottomane à l’origine peu sensible à ces idéaux porte en effet davantage sa préférence dans la valeur de justice que le Sultan doit coute que coute défendre, notamment à travers la collecte d’impôt. C’est véritablement à travers cet acte que la société ottomane envisage sa cohésion tandis que les concepts d’égalité et de progrès ne font pas vraiment sens à ses yeux. Pourtant, après la première guerre mondiale, Mustafa Kemal reprend à son compte l’héritage des jeunes turcs. Dans les six flèches du kémalisme, censées caractériser la jeune république turque, aucune ne fait mention de justice. Mais preuve que les traditions restent vivaces, on retrouve cette idée dans le « Parti de la justice et du développement » au pouvoir en Turquie depuis 2002. Pour nombre d’observateurs, l’arrivée des conservateurs au pouvoir signifie la véritable fin des idéaux des Jeunes-Turcs en Turquie.
François Georgeon rappelle à juste titre le phénomène d’oubli qui entoure l’expérience révolutionnaire turc de 1908 en Turquie et au Moyen-Orient. Au vu des tournures que prennent les régimes arabes libérés, on constate des tendances similaires. En effet, le nationalisme arabe, largement influencé par le corpus idéologique des jeunes Turcs semble complétement délaissé par les révolutionnaires arabes du 21e siècle. Par soucis de rompre avec les anciens partis Baath, tout est fait pour que prédomine le conservatisme religieux et le sentiment de justice. La liberté et la société des égaux ne semblent pas pour bientôt.
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